Près de la frontière franco-espagnole, en haute vallée de la Tena (Pyrénées espagnoles), la construction d'une aire de stationnement pour la station de ski de Formigal et de surcroît la déviation et l'élargissement de l'axe A136 au cours de l'année 2004 ont engendré des désordres visibles dès le commencement des travaux. L'excavation d'une importante masse de matériaux en pied du versant rive gauche a compromis la stabilité de celui-ci ; la suppression de la butée a entrainé la réactivation des mouvements de terrain anciens.
Outre une instrumentation du site déjà existante et exhaustive (inclinomètres, piézomètres, extensomètres, cibles DGPS, mesures DInSAR...), l'observation spatio-temporelle à l'aide de deux capteurs aériens différents a permis d'affiner la géométrie des mouvements du versant dans les colluvions. Pour ce faire, trois campagnes de reconnaissance ont été effectuées au cours de cette étude : un LiDAR en 2010 (0,5 point/m²), et deux campagnes avec un drone de type aile volante à l'automne 2014 et l'été 2015 (GSD moyen de 5 et 3 cm/pixel respectivement). Les produits générés (nuages de points, orthophotos, cartes des déplacements ...) permettent d'analyser qualitativement et quantitativement le comportement du versant instable qui se traduit par une confrontation de deux mouvements bien distincts qui s'opposent, l'un établi dans les moraines et l'autre dans les colluvions.
Les différentiels des modèles tridimensionnels de chacune de ces campagnes permettent de mettre en relation les déplacements du versant avec les évènements climatiques : la corrélation entre les désordres et les variations saisonnières des précipitations, déjà mise en évidence par certains scientifiques, a pu être précisée dans son évolution récente. Compte tenu de la recrudescence de ces évènements et d'une période de revisite à la demande, les campagnes drone permettront, à l'avenir, de prévenir l'évolution de ce type de versant et le risque par rapport aux infrastructures existantes.
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